Témoignage : l’Ehpad Saint Joseph à Nancy  1/2 

L’Ehpad à Saint Joseph à Nancy

Témoignage : l’Ehpad Saint Joseph à Nancy  1/2 

A Eau et Cie, nous considérons nos clients avant tout comme des partenaires. Nous avions à cœur de mettre en avant la démarche exemplaire de l’Ehpad Saint Joseph à Nancy. Son directeur, Monsieur Renaudin, nous présente la philosophie de l’établissement. 

Monsieur Renaudin, directeur de l’Ehpad St Joseph à Nancy
L’Ehpad Saint Joseph à Nancy, une maison de retraite exemplaire

L’Ehpad Saint Joseph à Nancy : qu’est ce que c’est ?

Le bâtiment

 C’est un Ehpad qui comporte 102 lits permanents et un lit temporaire. Nous avons également 12 appartements. La particularité de notre établissement vient de ce que la moitié de nos résidents sont des religieuses. Nous sommes par ailleurs un établissement habilité 100 % aide sociale. C’est-à-dire que quelqu’un qui n’a pas les moyens peut intégrer notre Ehpad sans aucun problème. Et nous sommes les moins chers de Nancy et de sa couronne : 1830 euros par mois. Pour les encadrer, nous avons 62 salariés. Au niveau architectural, notre maison date du 19e siècle avec une partie moderne. De plus, nous travaillons sur des approches non médicamenteuses. Et on évite les contentions. Notre vision rejoint celle d’un concept hôtelier. Je veux dire qu’on ne sera jamais une maison particulière, mais que nos prestations tendent à rejoindre celles qu’on peut trouver dans un hôtel avec un accent mis sur le confort et le cocooning.

Les chambres et l’aménagement à l’Ehpad Saint Joseph de Nancy

L’aménagement intérieur

 À tort, on dit souvent que la chambre d’une maison de retraite, c’est le lieu d’habitation des résidents, sauf que ce lieu fait 20 m2. Vous et moi, quand on dort dans un 20 m2, c’est à l’hôtel. Donc l’idée, c’est que tout l’environnement de détente, d’accueil et à moyen terme de restauration soit dans l’esprit d’un hôtel en termes de confort et de bien-être. Par exemple, on a refait notre hall d’accueil en collaboration avec des architectes et on leur a demandé de s’inspirer de l’hôtellerie. Dans le même esprit, au niveau de la salle de restauration, on a mis en place des cuisines avec des espaces destinés à créer par exemple des petits déjeuners avec des présentations élaborées, permettant aux résidents et au personnel de cuisiner ensemble. De même, on travaille sur la création de nombreux petits recoins où on peut se reposer

L’aménagement extérieur et les futurs projets

 C’est la même chose pour l’extérieur. On tient au niveau visuel à ce qu’on n’ait pas l’apparence de l’hôpital souvent associée à l’image d’une maison de retraite, mais plutôt celle d’un hôtel. Donc on met en avant le confort et la prestation même si on est toujours médicalisés. La prochaine vague d’aménagement suivra cette logique et concernera les chambres, dans l’idée de les refaire en intégralité sur dix ans, toujours en collaboration avec des architectes. Elles comporteront des salles de bains ouvertes, douches à l’italienne, espace détente. Donc on conserve le même espace, mais au lieu qu’il soit traditionnellement limité entre 4 murs, on aura une salle de bain ouverte de type « suite nuptiale ».

 

Le modèle économique de l’Ehpad Saint Joseph à Nancy

 

L’héritage et la gestion d’un patrimoine

Nous sommes connus pour nos prestations « haut de gamme » alors que nous affichons des prix très bas  Il faut avouer que par rapport à beaucoup de structures on a une certaine chance. La congrégation religieuse nous a en effet donné la maison de retraite il y a trois ans, en sachant que le lieu a été évalué à 5 millions d’euros. Depuis, nous faisons de la gestion immobilière, ce qui implique que dès que j’ai un investissement qui se termine, je peux en amorcer un autre. J’essaie de rationaliser mes activités au maximum. En parallèle, je développe la restauration pour d’autres structures et je peux aussi louer des salles de réunion ce qui nous apporte aussi des revenus. De même, sur les douze appartements à disposition, sept sont utilisés par les sœurs et je me charge de louer les cinq autres. Bref, on essaie de travailler dans tous les domaines sur des approches innovantes.

La recherche permanente de nouveaux fonds

 Quand on creuse un peu le sujet, on s’aperçoit qu’il y a facilement des fonds qui tombent. Un exemple ? On parle beaucoup de la télémédecine depuis l’arrivée de la pandémie, mais il se trouve que nous l’avons mise en place dès 2014 et nous avons perçu de ce fait une belle somme des autorités pour l’installer. Ce qui fait que lorsque des gens veulent tester des dispositifs ils ont tendance à venir chez nous pour les examiner. Dans le même état d’esprit, on travaille en ce moment sur l’aménagement d’un parc, dans le cadre d’un concours, pour tenter de récupérer un peu d’argent. On rénove aussi des pans de bibliothèque pour créer une sorte de cheminement et dans ce cadre je travaille avec une designeuse. C’est un endroit que je devais sécuriser et on œuvre avec les résidents en consultation et la start-up : au bout du compte, on aboutit à un espace complètement atypique, qui me coûte le double de ce que j’aurais pu avoir – 20 000 euros au lieu de 10 000 – mais qui m’a été financé de moitié… Évidemment c’est du temps et du travail, mais ça en vaut la peine. Autre exemple : on utilise 400 000 euros de travaux pour créer un hall d’hôtel et de nouvelles chambres. Or, même si je sais que, économiquement, on a les moyens de payer, je suis en recherche de fonds et de donateurs. C’est vrai que c’est une recherche perpétuelle. Ce qui me permet de le faire aussi, c’est que je n’ai pas d’actionnaires derrière moi, donc je ne suis pas tenu d’enrichir qui que ce soit. De même, le fait qu’on ait un management participatif avec mes équipes m’aide beaucoup. Il y a très peu de turn-over chez nous. Et comme je n’ai pas de forte tension sociale à gérer, je peux davantage consacrer mon temps à cette recherche de financement.

L’homme derrière l’institution

Avant d’arriver à l’Ehpad Saint Joseph

Je suis au départ éducateur spécialisé, avec différents emplois dans ce domaine à mes débuts. Puis j’ai été tuteur à l’Udaf, où je suis devenu délégué du personnel et secrétaire du comité d’entreprise. Au bout d’un certain temps à œuvrer dans le droit du travail je me suis fait la réflexion suivante : au lieu de critiquer un système, ne vaut-il pas mieux essayer de le changer en étant de l’autre côté ? Ça m’a amené à reprendre des études jusqu’à obtenir un master 2 en gestion de ressources humaines avec une approche tournée vers l’entreprise. J’ai donc quitté le champ « éducation spécialisée » et du médico-social pour aller me former dans ce nouveau domaine. Mon but n’était donc pas d’enrichir des gens, mais d’essayer de réinvestir l’argent gagné dans des projets éthiques en termes de management. Par la suite, j’ai été embauché par l’ADMR de Meurthe-et-Moselle à la DRH où j’ai été amené à gérer des services de soin. Puis j’ai été débauché par une structure concurrente à faire du développement. En parallèle j’ai déjà commencé à travailler dans ces postes dans les investissements immobiliers, en achetant et revendant des bureaux. Au cours de la crise de 2009, j’ai connu quelques déconvenues financières puisque le robinet des collectivités locales a été temporairement fermé : plus je travaillais, plus je perdais de l’argent ! J’ai donc été obligé de me séparer d’une trentaine de salariés sur un effectif de 130 collaborateurs avec des gros soucis de trésorerie mensuelle. J’ai tout de même réussi à redresser la boutique. Suite à quoi j’ai décidé de faire autre chose. J’ai réintégré à l’ADMR mon ancienne structure dans l’idée de partir un ou deux ans après, le temps d’assurer la transition avec mon successeur.

L’arrivée à l’Ehpad Saint Joseph

Les premières mesures

 Finalement, c’est la maison de retraite qui est venue me chercher, car ils venaient de limoger la directrice. Ce qui fait que je suis parti plus tôt que prévu. Je suis arrivé à temps partiel, histoire de pouvoir me libérer de mes fonctions précédentes. Quand je suis arrivé à l’EHPAD Saint Joseph, en 2013, deux missions m’étaient confiées : assainir la trésorerie (il y avait parfois des incidents à moins 15 000 euros par mois) et préparer l’établissement à la « disparition » des sœurs sur une échéance de 15 ans (car il y a de moins en moins de sœurs). À l’époque en effet, j’étais le locataire du bien avec un loyer annuel de 530 000 euros. Après leur don j’ai tout de même repris le passif du bien avec 1,3 million de prêts de construction. J’ai donc œuvré à cette transition. Pour assainir les finances, j’ai fait ce que fait toute entreprise fait dans ces cas-là : on paie plus tard les factures, on encaisse rapidement les loyers, on est carrés avec le financeur pour qu’il nous donne ce qu’il nous doit etc. Au bout du compte, je me retrouve avec une structure qui a environ 1 million d’euros de trésorerie de façon saine. Dans cette tâche j’avais un autre avantage, car l’établissement était sous-doté en personnel. J’ai donc réussi à embaucher à nouveau avec les ratios qui fonctionnaient, c’est-à-dire en demandant les financements adéquats. Le fait qu’on figurait parmi les établissements les moins chers nous a aussi beaucoup aidés à cet égard.

Le travail et les projets pour l’Ehpad Saint Joseph

L’argent ne tombe pas du ciel. Par exemple, hier soir, je ne voulais pas quitter mon bureau avant d’avoir déposé un dossier de financement. Je travaille beaucoup sur le mécénat et les donations, ce que peu de structures font aujourd’hui. En l’occurrence, mon projet porte sur le parc de l’établissement que je veux réhabiliter — suite à don de 18 000 euros —, dans le cadre d’un concours qui me permettrait de me payer l’accompagnement par des paysagistes. C’est un concours dont le montant n’est que de 3000 euros. Ça n’a l’air de rien sur un budget de 4,5 millions d’euros, mais je le fais quand même, je vais essayer de les chercher. C’est une partie de mon travail.

Le travail au quotidien du directeur de l’Ehpad Saint Joseph

Mes précédents postes ont duré entre quatre et six ans. Je suis déjà présent ici depuis huit ans et potentiellement je me vois bien y terminer ma carrière, dans dix ans, aller jusqu’à la retraite. Je n’ai pas le temps de m’ennuyer : je fais de l’immobilier, de la gestion de personnel, du développement, je participe à des activités de recherche avec des universités, on travaille sur l’aide sociale, on évolue dans le management participatif… Bref, je me retrouve pleinement dans cette activité qui en regroupe beaucoup d’autres et de plus j’ai la confiance des membres de l’association, ce qui est très agréable… Je fourmille de projets. On vient de nous donner un immeuble en face de la congrégation dont on va faire une nouvelle résidence. On va travailler sur une résidence moderne dans le même état d’esprit que celui que je vous ai décrit. Malgré tout, dans la mesure où l’établissement est sur de bons rails et que je suis à la tête d’une affaire qui tourne, j’arrive à me ménager mon emploi du temps pour conserver une vie privée. Et c’est une liberté qui n’a pas de prix pour moi, elle m’est essentielle.

La philosophie et la structure de l’établissement

Un ancrage international

La congrégation des sœurs est une congrégation basée sur l’éducation. Il y a trois établissements en Europe, les deux autres étant situés en Luxembourg et en Belgique. Si les trois établissements sont indépendants, on travaille ensemble et on se réunit plusieurs fois par an. L’idée est que si une sœur venant de Belgique arrive en France elle doit retrouver le même type de prestations dans notre établissement et le même esprit. Les deux autres établissements se situent dans un cadre de plusieurs hectares, l’un dans un château, l’autre avec des résidences et des appartements. C’est ce qui m’a donné aussi une base forte. De même, les sœurs nous incitent à voyager en tant que dirigeants. Comme elles ont des structures dans le monde entier, on effectue des voyages d’études. Je suis allé à Montréal, à San Francisco, en Luxembourg, en Belgique, ce qui nous permet d’avoir la vision d’autres établissements, d’autres dynamiques. Le fait, par exemple, que je travaille avec des designers, des paysagistes tient pour beaucoup à ces rencontres. J’héberge à demeure une jeune designeuse pour qu’elle développe pour un public Alzheimer des produits en textile apaisant : c’est le genre de choses que j’ai vues à la Silicon Valley à San Francisco. Bref, on essaie sans cesse de travailler sur l’idée de ce que pourraient être les Ehpads dans le futur.

L’importance de la communication pour l’Ehpad Saint Joseph de Nancy

Il n’y a pas de communication commerciale en soi, mais je trouve normal de communiquer sur nos actions. Le fait de communiquer aussi sur ce que nous apportent nos prestataires me paraît important. Ça me permet aussi de disposer de beaucoup d’informations de divers côtés et j’en ai besoin pour être encore plus efficace dans mes projets. Si je fais un post sur tel ou tel sujet sur Linkedin par exemple, je récolte en retour beaucoup d’informations sur les sujets traités. En cela, la communication est en effet un moteur, ce qui fait que j’ai une grosse culture du réseau. Autre exemple, sur mon réseau j’ai découvert hier l’existence d’un appel d’offres sur le médico-social et je suis déjà en train de réfléchir aux éléments qu’on pourrait mettre en avant. C’est aussi mon hyperactivité qui me pousse vers cet aspect.

 

Une approche humaniste

Un management de proximité

On a développé ici un concept qui existe par ailleurs depuis un certain temps et qui s’appelle « l’humanitude ». C’est une approche de bientraitance. L’idée est par exemple de respecter le rythme de sommeil et d’activité des résidents, avec différents horaires de restauration possibles à la clef. Cette approche induit chez nous un comité de pilotage d’humanitude : on se réunit entre tous corps de métier (direction, encadrement, personnel d’entretien, aide-soignante etc.), le but étant de vérifier si au travers de nos actes cette notion de bientraitance est bien respectée. C’est évidemment fédérateur, car chaque salarié sait qu’il a son mot à dire sur tous les sujets. Et la pertinence de leurs interventions n’est pas circonscrite à leur domaine d’activité : une collaboratrice qui effectue les activités ménagères a ainsi développé un projet qui portait sur du civil professionnel. L’idée, c’est que, quel que soit votre poste ou votre échelon vous pouvez soumettre un projet, charge ensuite au comité de pilotage de décider des modalités éventuelles de sa mise en place. Ce qui fait qu’une fois qu’une chose a été mise en place, on sait qu’elle bénéficie d’un consensus en amont. D’autre part, au lieu que ce soit systématiquement au manager de trouver une solution, parfois ce sont les équipes elles-mêmes qui proposent une idée qui résout le problème. Ce qui explique aussi qu’on soit dans une logique de collaboration avec les délégués du personnel et non d’affrontement, comme cela peut être malheureusement le cas dans d’autres structures.

Des résidents acteurs de la structure

Cette démarche s’applique bien sûr aussi aux résidents. Nous sommes particulièrement attentifs à leurs avis. Nous avons ainsi institué des commissions de résidents, qui peuvent donner leurs avis sur les menus à venir, sur les animations à mener et même sur les tendances architecturales de l’établissement. D’autre part, on a également veillé à mettre en place le CVS. C’est le Conseil de Vie Sociale, qui est une instance obligatoire dans tous les établissements à caractère médico-social. Elle vise à recueillir et surtout à tenir compte des avis des résidents et de leur famille sur tous les aspects de la vie de la structure.

Les effets d’un cercle vertueux

Tous ces outils ont des conséquences vertueuses : il y a très peu de turn-over par exemple dans notre établissement. Ce qui veut dire qu’on perd moins de temps à former des gens. En termes de recrutement, on fonctionne beaucoup par cooptation, c’est-à-dire que ce sont les salariés qui véhiculent les valeurs de la structure à leurs connaissances et amis, ce qui évite les mauvaises surprises. On a même une liste d’attente à ce niveau. Et dans la mesure où, comme vous l’avez compris, on est en perpétuelle recherche d’innovation, on accueille aussi des personnes qui viennent en observation, car ils savent que pour les nouveautés c’est un peu ici qu’il faut aller !

Un deuxième épisode paraîtra bientôt avec un éclairage particulier sur les relations de l’Ehpad Saint Joseph avec ses fournisseurs, dont Eau et Cie !

 

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